En français,  Science-fiction

So phare away – Alain Damasio

« Il faut beaucoup de silence pour entendre une note. Il faut beaucoup de nuit pour qu’un éclair puisse jaillir, pour d’une couleur neuve soit perçue, soit reçue. Si j’en avais le pourvoir j’émettrais aujourd’hui un trou noir. Quelque chose comme un conne d’extinction forant au ventre l’épaisseur du jour. Pour rouvrir l’espace. Ce qui me terrifie, ce n’est pas ce chaos de clartés qui brouille la ville comme une avalanche de soleils. C’est qu’il n’y ait plus nulle part une seule ombre. »

Editeur : Folio

Synopsis

« La voir… Sa frimousse nichée dans ses cheveux trempés, son sourire de pur bonheur en plein milieu des prunelles, elle a jailli de la porte, et s’est stabilisée debout dans la flotte. Je l’avais tellement imaginée ces six derniers mois, j’avais refait la scène cent cinquante fois, j’avais craint, saccades de trouille, de la découvrir sur ce même perron avec un homme à ses côtés, lui tenant l’épaule, eh bien, voilà : sa présence d’un coup. Le vibré de son visage. Tout ce qu’elle y fait passer en une minuscule seconde. »

Pourquoi lire So phare away ?

• Découvrir un grand auteur de la science-fiction française, sans pour autant commencer avec un roman, plus exigent.

• Les réflexions qui y sont menées sur la société qui nous sature d’information, les technologies qui nous déconnectent de ce qui importe vraiment, …

Mon avis

Je continue dans ma découverte d’auteurs connus et reconnus par le biais des nouvelles. J’avais commencé avec H.P. Lovecraft et maintenant je change de genre pour découvrir Alain Damasio, auteur français qui plus est. Hé hop, d’une pierre deux coups !

Ce livre est un recueil de trois nouvelles : Annah à travers la Harpe, So phare away et Aucun souvenir assez solide.

Annah à travers la Harpe

Dans cette première nouvelle, on suit un père qui a récemment perdu sa fille et qui en souffre beaucoup. Dans le but de la ramener, il rencontre le Trépasseur, un homme étrange qui semble en savoir long sur le monde des morts. En suivant ses instructions, son chemin va le faire traverser des épreuves déroutantes, un plongeon vers l’inconnu…

D’abord, il faut dire que le style d’écriture de Damasio m’a plutôt dérouté : il décrit les sentiments et les réflexions intérieurs du personnage, sa vision du monde, et nous fait comprendre ce qu’il ressent en profondeur, mais avec des représentations visuelles. Pour autant, si on s’arrête sur chaque phrase pour imaginer la scène, ça devient compliqué. Ce n’est que lorsque j’ai finalement laissé s’écouler le texte devant mes yeux sans faire trop attention aux détails que j’ai pu saisir le sens de l’histoire.

Malgré tout, cette histoire ne m’a pas trop touchée. On arrive après la perte de sa fille, et je ne peux qu’imaginer la souffrance du personnage, mais moi, je ne la percevais pas. Pour moi, elle était morte depuis le début, donc c’était compliqué de compatir et l’histoire tourne uniquement autour des sentiments de son père.

Au cours de son périple, le père traverse des étapes/des lieux, qui sont étroitement liés aux technologies. On comprend que son grand regret est d’être passé à côté de l’essentiel, d’avoir cru que la technologie pourrait tout sécuriser et la protéger. Mais je ne pense pas avoir compris tous les messages de l’auteur. J’ai le sentiment qu’il y a beaucoup de sens là dessous, mais je n’en ai capté qu’une petite partie. Bref, cette nouvelle m’a paru assez impénétrable.

So phare away

Cette deuxième nouvelle nous place dans un monde, une ville plutôt puisque c’est tout ce qu’il semble en rester, assez particulière. Régulièrement, elle est inondée par une marée d’ « asphalte liquide » d’où surgissent des bâtiments. Notamment de nombreux phares, qui communiquent en langage codé lumineux, au-dessus de la ville, dans ce qu’ils appellent la « nappe ». Certains phares relaient des informations publiques, d’autres des messages plus personnels et certains font même de l’art avec leur lumière. Mais tout cet amas d’informations rend leurs transmissions difficiles puisqu’il devient compliqué de trouver un temps mort dans lequel émettre. Et surtout, certains phares sont mieux équipés que d’autres, avec des lasers beaucoup plus puissants.

On y retrouve donc toute une critique de notre société actuelle, qui nous sature toujours plus d’informations. Dans un monde tel que celui-ci dans lequel tout le monde s’exprime, comment peut-on faire entendre sa voix ?

C’est clairement la nouvelle du recueil que j’ai préférée. Son côté écologique avec la marée polluée qui revient et qui confine tout le monde (actualité bonjour!) était très intéressant. Certaines personnes vont jusqu’à s’enfermer dans leur voiture, en espérant qu’elle soit suffisamment étanche, et attendre que l’asphalte liquide s’en aille finalement. Ceux qui habitent dans les phares vivent seuls, le monde d’en bas les terrifie parce qu’il ne leur appartient plus. Tout le monde communique, mais au final tout le monde est seul.

Aucun souvenir assez solide

Je n’ai pas retenu grand-chose de cette nouvelle très courte (4 pages). Elle m’a semblé très brouillonne et difficile à suivre. Tellement, que je pourrais seulement dire qu’elle aborde le sujet de la perte de l’être aimé et du refus d’oublier. Je n’en retire qu’une impression de flou.

***

En conclusion, je n’ai pas vraiment accroché à la plume de Damasio. Mais certaines de ses réflexions étaient vraiment intéressantes notamment dans So phare away, pour autant il est difficile de s’intéresser aux personnages dans un format si court. Je ne suis donc pas plus emballée que ça, mais je serais tout de même curieuse de lire La horde du contrevent du même auteur.

2 commentaires

    • Ecla'Temps

      Oui, les nouvelles sont un super moyen de découvrir des auteurs sans trop s’engager et se plonger dans un long roman 🙂 Personnellement, je suis passée un peu à côté de celles-ci (la 1e et la 3e en tout cas), mais il en a écrit un bon nombre donc dans tous les cas il y a le choix 😉

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